Il est important de reconnaître que le système de sécurité dans lequel les migrations sont enchâssées ne s’applique pas uniquement à une catégorie particulière de migrants (ex.: les immigrants «illégaux»). Certes, certaines catégories de migrants sont davantage «touchées » par une lecture sécuritaire que d’autres. Mais ce différentiel ne doit pas occulter que la sécuritisation touche l’ensemble des migrations internationales. Il est donc opportun et nécessaire de rassembler les connaissances dans ce domaine et d’analyser la part de rupture et de continuité dans l’évolution des politiques d’immigration du point de vue national et international.
De plus, les migrations ne sont pas en soi une question de sécurité. Or, lier ensemble migration et sécurité n’est pas neutre normativement ou politiquement. Les recherches de Philippe Bourbeau souligneront que représenter les migrations comme une menace à la sécurité non seulement légitime l’utilisation d’un ensemble de mesures ayant de profondes conséquences, mais force également une réflexion sur la relation entre la sécurisation des migrations et d’autres questions sociales telles que la radicalisation, le taux de criminalité et sa perception, le genre, et le multi/inter-culturalisme.